mardi 25 novembre 2014

Un grand pays dirigé par un NAIN


Ainsi donc, il semblerait que le président français, dans sa grande sagesse et « en dehors de toute pression », ait décidé que les conditions n’était définitivement pas réunies pour permettre la livraison d’un navire commandé et payé par un pays client. Un pays avec qui officiellement (mais on nous cache peut-être quelque chose) la France n’est pas en guerre. Il sera toujours temps de parler des conséquences de cette décision au plan économique, social et politique.
Demandons-nous plutôt ce qui a bien pu lui faire prendre une telle décision. Je ne peux imaginer que le déballage, international maintenant, de ses turpitudes privées ait pu jouer un rôle quelconque. Encore que ces politiques manient l’art du contre-feu comme des pompiers-pyromanes chevronnés.
A vrai dire, j’espère qu’il y a eu des pressions. Si ce n’était pas le cas, le peu d’estime que j’ai pour le personnage disparaîtrait totalement. Mais au fond, il s’en fiche complètement et il a sans doute raison. Qu’est-ce que l’opinion d’un journaliste isolé ? Et ce n’est pas ce genre d’article qui va me valoir une appel téléphonique du rédacteur en chef d’un quotidien national, ni régional d’ailleurs ! Le fait que mon opinion puisse être partagée par un grand nombre de Français ne doit pas non plus l’empêcher de dormir. Un quotidien français publiait récemment un sondage suivant lequel 58% des Français étaient favorables à la livraison du Mistral. Mais chacun sait, depuis 2005 et le référendum sur l’Europe, qu’en France, l’opinion des Français n’est que de peu d’importance. Tout au plus y prête-t-on attention quand il s’agit de départager deux candidats qui, de toute façon, ne feront rien ou presque de ce qu’ils ont promis.
Je pense donc qu’il y a eu des pressions (j’ai parfaitement conscience qu’il ne s’agit pas ici d’un « scoop », merci). Comme je l’ai déjà écrit dans d’autres articles, le jeu des Etats-Unis est parfaitement compréhensible. Ils ne veulent laisser se développer aucune puissance susceptible de leur faire concurrence, même si cette puissance n’a aucune intention agressive à leur égard, comme c’est le cas de l’Europe. Le jeu qu’ils jouent en Ukraine est destiné à empêcher l’Europe de s’entendre avec la Russie. Le sort de l’Ukraine leur est parfaitement indifférent, c’est pourquoi ils traitent ce pays avec autant de cynisme.
Mais pour les Européens, il s’agit d’un voisin, comment peut-on agir de la sorte avec un voisin ?
L’Europe est maintenant dirigée par la Commission Européenne, plus par les dirigeants politiques des pays qui la composent. Comme le fait remarquer M. Valéry Giscard d’Estaing dans son livre « Europa », il serait temps que les rôles s’inversent comme cela devrait être le cas dans une vraie démocratie. Il en va de la survie de l’Europe. Et c’est précisément le dilemme auquel font face la Commission Européenne et les fonctionnaires qui la composent. Continuer dans la voie actuelle pourrait effectivement mener à l’éclatement de l’Europe et donc à leur disparition. Rendre le pouvoir aux états comporte également un risque important pour la carrière de ces fonctionnaires.
Il leur reste donc la solution de faire bloc avec un acteur extérieur et puissant, en lui servant de courroie de transmission, et en comptant sur son appui pour leur survie. Le calcul est clair, les intentions aussi, simplement, leur « parrain » n’est pas spécialement connu pour sa fidélité à ses partenaires quand ses intérêts changent. On ne peut pas tout avoir. En attendant, ces messieurs de Bruxelles ont clairement décidé de s’aligner sur l’Otan, le bras armé en Europe de celui qui, veulent-ils croire, est le seul qui puisse défendre leurs intérêts mesquins et égoïstes.
Le partenariat oriental est une invention de ces fonctionnaires européens. Ce sont eux qui ont soufflé sur les braises de « Maïdan ». Ce sont eux qui ont laissé croire aux Ukrainiens que leur pays allait rejoindre l’Union Européenne dans un avenir proche et, dans la foulée, l’Otan. Mais ni l’Otan, ni l’Union Européenne n’ont besoin de l’Ukraine dans leurs rangs. Ils ont simplement besoin que l’Ukraine y croie, et si, possible, la Russie également. Lorsqu’un ministre parle de cela, on entend d’ailleurs une musique très différente de celle jouée à Bruxelles. M. Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des affaires étrangères a déclaré il y a quelques jours que le travail d’adaptation de l’Ukraine aux normes et règlements de l’Union Européenne serait le travail de plusieurs générations.
Quand Mme. Merkel parle des sanctions, c’est pour ajouter qu’elle souhaite que le dialogue ne soit pas rompu avec Moscou.
Mais le travail de la Commission continue. Son implication dans les événement Ukrainiens est patente et sa responsabilité écrasante. Mais il est vrai qu’il y bien longtemps qu’un commissaire européen n’a pas été écrasé par ses responsabilités. Il en va de même bien entendu avec les politiques déresponsabilisés qui nous gouvernent.
Pensez à ce qui s’est passé à Kiev le 21 février de cette année. L’Europe envoie trois ministres pour superviser un accord de compromis avec « l’encore président » Yanoukovich. On a déjà désamorcé des crises internationales de cette façon, c’était, à une époque une spécialité d’Henri Kissinger. Là, un accord est donc trouvé et signé, et nos irresponsables, très contents d’eux s’en vont illico. Le ministre français a fait déjà, à d’autres occasions la preuve de son niveau de compétence. Après tout, les nains ne sont pas réputés aimer s’entourer de grands hommes. Et c’est à cette occasion que l’on s’aperçoit que Kissinger n’a rien appris à personne. Les trois ministres, ces braves gens, reprennent leur avion, ils ont fait signer un papier, ils sont très contents, ils repartent. C’est du jamais vu. Dans une crise comme celle là, on doit rester sur place pour surveiller l’application de l’accord.
Mais, sans doute, il ne fallait-il pas que cet accord soit respecté. Il fallait juste qu’il soit signé pour montrer la bonne volonté de l’Europe. Ensuite, il fallait qu’il soit déchiré car le « parrain » le voulait. Après tout, comprenez-le, il avait déjà dépensé cinq milliards de dollars pour financer le chaos en Ukraine, à la frontière même de la Russie. Mme Nuland l’a expliqué à des hommes d’affaire Ukrainiens, les Etats-Unis ont dépensé cinq milliards de dollars pour favoriser leurs « aspirations à la démocratie » (c’est comme cela que ça s’appelle en « Novlangue »).
Tout cela semble avoir bien fonctionné, les membres de la Commission n’ont sans doute plus de soucis à se faire pour leur avenir et c’est ce qui compte pour eux, bien sûr. Enfin quoi, avec tout ce chômage qui s’étend en Europe et que la politique économique européenne n’a pas beaucoup de chance de faire baisser à brève échéance, on les comprend…
Le nain dont il est question dans le titre n’a pas non plus de soucis à se faire pour sa retraite. A son niveau de vue, c’est bien le plus important.
Mais à vous et moi, européens, qu’est-ce qu’ils sont tous en train de préparer ?
Comme l’expliquait récemment Mme. Carrère d’Encausse, « Le monde qui se dessine est en Asie. Nous, nous sommes des marginaux, l’Europe est un état marginal. Les Etats-Unis sont une puissance du Pacifique, ce qui se passe en Europe leur est égal. Tout comme la Russie, ils peuvent jouer le Pacifique ou l’Europe. Toutes les possibilités géopolitiques leurs sont ouvertes, mais, regardez la carte, l’Europe n’a pas d’autres possibilités, elle est enfermée en elle-même. »
En la coupant de la Russie, le « parrain » de la Commission met l’Europe hors jeu. Le monde a basculé, il se reconstruit du côté de « l’APEC » et de « l’Organisation de Coopération de Shanghai » (OCS). Mais pendant ce temps, la Commission et l’Otan nous amusent avec des colonnes militaires qui se baladent sur la frontière de l’Ukraine orientale, qui entrent, ou n’entrent pas, d’ailleurs, en Ukraine Orientale. Et les médias aux ordres (il faudra bien un jour chercher à mesurer la responsabilité des médias dans tout ce gâchis) nous annoncent une nouvelle invasion russe en Ukraine. Un confrère a eu la curiosité de recenser ces annonces d’invasion, il en a compté trente six sur les neuf derniers mois, une par semaine !... On serait tenté de rire s’il ne s’agissait pas d’une situation réellement dramatique.
Pour citer de nouveau Mme. Carrère d’Encausse, « Si on n’arrête pas les choses, l’histoire européenne ne sera bien sûr pas terminée, mais ce sera une histoire de déclin qui commencera. Je crois que personne ne peut accepter cela. La civilisation européenne est une immense civilisation, la Russie appartient à cette civilisation, ce n’est pas parce qu’il y a eu des malentendus, des incompréhensions, des années d’une politique maladroite, que l’on peut admettre que l’histoire de l’Europe s’achève là. Je pense que nous sommes véritablement à l’heure du choix ».
Mais pour qu’un pays fasse ce genre de choix, il lui faut un chef qui ait une vision. Celui de la France en a une, mais elle n’est absolument pas au bon niveau…

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