… mais ne doivent pas
s’y substituer
Il y a bientôt un an,
j’écrivais sur ce blog que je me sentais dirigé par des irresponsables qui
se moquent complètement de mon sort, des sortes d'extra-terrestres perdus dans leur
rêve, déconnectés de la réalité et non concernés.
Les dix mois qui se
sont écoulés depuis n’ont malheureusement fait que confirmer ce sentiment.
L’Union Européenne est
toujours empêtrée dans une crise dont elle ne parvient pas à sortir, hypnotisée qu'elle est
par les soi-disant bienfaits de la politique d’austérité imposée par
l’Allemagne au motif qu’elle a bien fonctionné dans ce pays, mais sans vouloir
prendre en compte le fait qu’à l’époque, l’Allemagne était le seul pays
européen à mettre en œuvre cette politique et que ceci est la raison de son
succès.
On sort à peine de la
dernière crise grecque en date, sans vouloir comprendre que la solution trouvée
à Berlin et à Bruxelles puis imposée avec la violence que l’on sait à la Grèce
ne résoudra pas le problème. Il est vrai que les nouvelles aides lui permettront
de rembourser les dettes qu’elle a vis à vis des banques et des investisseurs
étrangers, transférant le risque de non paiement sur l’Union Européenne (c’est
à dire les contribuables européens) alors que l’économie du pays ne verra venir
pratiquement aucun des investissements dont elle a tant besoin pour se
redresser. La prochaine crise grecque est pour bientôt, des économistes le
disent[1]
mais les dirigeants européens sont sourds. Le FMI lui même n’est pas convaincu
qui a refusé de participer à ce plan[2].
Les médias sont emplis
des images de personnes désespérées qui veulent trouver refuge en Europe. A
première vue, le problème semble insoluble dans le cadre de comportements
humains et dignes, et je n’aimerais pas être chargé de le résoudre. Ces
réfugiés sont jetés sur les mers et sur les routes par le chaos et la
désolation qui règnent dans leurs pays d’origine. Et d’où vient ce chaos ?
La recherche des responsabilités ne doit pas évidemment tourner au lynchage de
responsables désignés, mais un regard en arrière, intelligent et objectif
pourrait au moins permettre d’éviter de faire encore et toujours les mêmes
erreurs.
Le « printemps
arabe » tant vanté par nos gouvernants et les médias à leurs ordres s’est
transformé, pour reprendre une expression qui n’est pas non plus de moi en
« automne européen ». Fallait-il encourager le renversement de
gouvernant dont certains étaient certainement des dictateurs mais qui
maintenaient un calme protecteur pour les populations. Les dirigeants
occidentaux ont semé le chaos au nom d’une « démocratie » qu’ils ne
pratiquent même plus chez eux. C’est ce qui arrive lorsque les mots se
substituent aux réalités, et quand le président français propose hier de
« neutraliser[3] »
le président syrien on comprend qu’il n’a toujours pas voulu comprendre d’ou
vient le désastre qui jette des centaines de milliers de réfugiés sur les côtes
du sud de l’Union Européenne et préfère suivre la ligne de son maître d'outre atlantique. Lorsque les mots se substituent aux réalités la
schizophrénie devient vite totale. La maladie nous vient
des Etats-Unis où depuis 2001, le récit (« narrative ») tient lieu de
réalité.
Et l’Union Européenne n’est pas en reste. Mais il apparaît
de plus en plus que l'Union Européenne est une hydre qui promet la paix et donne la guerre, promet la prospérité et impose l'austérité, propose la justice et génère les iniquités, annonce l'harmonie et fomente les dissensions et qui est parvenue à décerveler une très grande partie des responsables des pays membres de cette union. On le voit aujourd'hui, l'adoration des idées fixes (liberté, égalité, démocratie, etc.) dispense d'une réflexion authentiquement soucieuse du réel et les fanatiques de la démocratie sont bien souvent les moins efficaces dans la réalisation des situations réellement démocratiques.
[1] Par exemple Jacques Sapir sur son
blog http://russeurope.hypotheses.org/4225
et dans une interview qu’il a donné au Figaro le 21 août 2015.
[3] On sait ce que l’expression veut
dire en langage militaire.
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