dimanche 24 juillet 2016

Donald Trump est une taupe de Vladimir Poutine


Depuis longtemps, les vieux médias occidentaux reprochent à Vladimir Poutine tout ce qui les contrarie dans les affaires du monde. Donald Trump, par ses remarques à propos de l’Otan et des alliés européens des Etats-Unis, dans son discours de clôture de la Convention Républicaine de Cleveland jeudi soir, a mis le feu au bassin atlantique et les médias américains sont en mode panique. Ils reviennent évidemment à leurs vieux phantasmes concernant le président russe responsable de tout (ou presque). Il est raisonnable de penser que, comme d’habitude, les médias européens vont leur emboîter le pas.
Pour Anne Applebaum, du « Washington post », « En 2016, la réalité dépasse la fiction et nous nous retrouvons avec un candidat à la présidence qui a des liens, directs et indirects          avec un dictateur étranger, Vladimir Poutine, dont il promeut la politique. »
Pour Jeffrey Goldberg de « The Atlantic », « Le candidat républicain, Donald Trump a tombé le masque se révélant de-facto l’agent de Vladimir Poutine, un dictateur élevé au KGB qui veut reconstruire l’Empire soviétique… »
Pour Franklin Foer de « Slate », « Vladimir Poutine a un plan pour détruire l’Ouest et ce plan ressemble énormément à Donald Trump. »
Nous ne mentionnons ici que trois journalistes mais les commentaires ont presque tous le même ton angoissé, même si tous ne mentionnent pas le président russe. Il faut dire que les mouvements en Turquie et autour du pays ont de quoi les rendre nerveux précisément sur le sujet de l’Otan.
Dans une conversation téléphonique qu’il a eue mardi dernier avec le président iranien Hassan Rohani, Recep Tayyip Erdogan a mentionné son intention de se rapprocher de l’Iran et de la Russie pour gérer la situation au Proche Orient et ramener la paix dans la région. Une telle déclaration, quels qu’en soient les motifs, n’est pas de bonne augure pour les intérêts américains dans la région.
D’autant qu’elle vient après trois autres développements également négatifs pour l’Otan. Ces dernières semaines, la politique agressive de l’Otan vis à vis de la Russie, soutenue par un certain nombre de pays membres a été critiquée par d’autres membres, et non des moindres. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a critiqué cette politique qu’il a qualifiée de provocation inutile et dangereuse. La plupart des pays d’Europe de l’Est soutiennent cette politique, mais la Hongrie et la République Tchèque ont montré leur désaccord.
Parallèlement à cela, la réconciliation en cours entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine affaiblit la position de l’Otan vis à vis de la Russie. Les deux présidents ont annoncé il y a deux jours qu’ils allaient se rencontrer en Russie au début du mois d’août.
Le troisième élément est le tour autoritaire que prend l’après coup d’état en Turquie. Bien que l’Otan ait toléré par le passé des régimes quasi dictatoriaux comme au Portugal, en Turquie précisément et en Grèce de 1967 à 1974, cela est passé de mode dans l’Alliance aujourd’hui et des pays membres ne cachent pas leur réprobation vis a vis de la reprise en main en Turquie. Une réprobation qui, évidemment n’a pas l’heur de plaire à Recep Tayyip Erdogan qui conseillait récemment au ministre des affaires étrangères français de « s’occuper de ses affaires ».
Dans ce contexte, les déclarations de Donald Trump dans son discours d’investiture ont de quoi stresser nos journalistes bien-pensant, le stress déclenchant chez eux ce réflexe conditionné : « c’est la faute à Vladimir Poutine. »
L’analyse de la situation actuelle en Syrie et chez ses voisins amène tout de même à se poser la question sur la nouvelle position de la Russie et de son président dans la région, une position qui est évidemment la conséquence des actions de la Russie et de son président.
Pour Ryan Heath, correspondant en Europe de « Politico », la tentative de coup d’état était une « opération noire » du gouvernement pour pouvoir purger les milieux de l’armée et de la justice de leurs éléments laïques (à ce jour plus de deux mille huit cent militaires et autant de juges ont été arrêtés). On objectera qu’étant donné le réel besoin qu’avait le président turc de renforcer son emprise sur le pouvoir, le passage par une « fausse tentative de coup d’état » aurait été particulièrement dangereux. Il est donc peu probable. Une autre option semble plus vraisemblable qui serait une opération montée par Fethullah Gulen, ennemi juré d’Erdogan installé aux USA depuis 1999 et disposant de connexions sérieuses avec la CIA.
Muhammad Fethullah Gülen, né en 1941 en Anatolie a prêché comme Imam d’Izmir jusqu’en 1981. Son biographe le présente comme un musulman défenseur des idées néolibérales. Il a créé le mouvement Hizmet qui s’occupe officiellement d’enseignement et dont le but est de créer une nouvelle élite turque. D’après un article d’Osman Softic, dans openDemocratie.net, le 6 février 2014, ce mouvement a attiré pour le moment plus de trois millions d’adhérents dont beaucoup occupent des postes importants dans l’armée, la police, la justice et l’éducation.
Dans cet ordre d’idée, on apprenait, par exemple, il y a deux jours que l’avion russe abattu en novembre 2015 l’aurait été par un officier d’aviation turc faisant partie des réseaux que Fethullah Gulen entretien dans le pays. On se souvient que cet événement a donné un coup d’arrêt à un rapprochement russo-turc que Washington voyait évidemment d’un mauvais œil.
Gûlen a des liens étroits avec des responsables actuels ou anciens de la CIA. Après s’être installé aux Etats-Unis en 2000, il a reçu le soutien actif de Graham Fuller, analyste important de la RAND Corporation et ancien chef de poste de la CIA à Kaboul quand, en 2006, les Etats-Unis ont envisagé de l’expulser. D’après les mémoires de Cibel Edmonds, Fuller est le lien principal de Gülen avec la CIA. Edmonds, ancienne traductrice au FBI de documents venant de Turquie est ensuite devenue un des « lanceurs d’alerte » les plus connus dans le domaine de la sécurité aux Etats-Unis.
Gülen gère donc depuis quinze ans, des Etats-Unis, son empire de centres d’éducation, d’entreprises brassant des millions de dollars et de sociétés financières.
Etant donné les ramifications du mouvement Hizmet et le fait que Gülen soit à la merci du gouvernement américain, il n’est pas impossible que ce gouvernement ait cherché à utiliser les réseaux de Gülen pour déstabiliser un Recep Tayyip Erdogan dont la politique étrangère, en particulier vis à vis de la Russie ne lui convenait pas.
Recep Tayyip Erdogan n’aurait fait qu’exploiter cette situation qu’il n’a pas créée lui-même ce qui nous semble beaucoup plus probable.
Il n’en reste pas moins que cette tentative de coup d’état aura et a déjà des retombées importantes sur la situation en Syrie et chez ses voisins. Le rapprochement entre la Turquie et la Russie a repris et même si Recep Tayyip Erdogan n’est pas le plus fiable des partenaires, le bras de fer qu’il a engagé avec les Etats-Unis à propos de Gülen est, pour lui, une motivation forte. D’autre part, sa volonté de rapprochement avec l’Iran, deuxième poids lourd dans la région va changer sérieusement la donne et pas en faveur des Etats-Unis, de l’Otan ou de l’Union Européenne.
Et ça, on peut, au moins en partie, le « reprocher » à un Vladimir Poutine qui a pris soin de tenir le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou au courant, par téléphone, hier.

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